Soins dentaires du chat

Le chat peut avoir du tartre, comme le chien. Mais il peut surtout présenter de sévères inflammations des gencives, du fond de la bouche et/ou de la langue. Ceci fait partie du Complexe Gingivo Stomatite Féline (CGSF) , pathologie très douloureuse, et souvent difficile à traiter. Les soins dentaires dans cette espèce ne sont pas à négliger!

LES PROBLÈMES BUCCO-DENTAIRES DU CHAT

1 – Tartre et maladie parodontale

En ce qui concerne le tartre, le mécanisme est le même que chez le chien : une plaque dentaire se forme à la surface de l’émail des dents. Les bactéries se multiplient facilement sur cette plaque, entraînant sa minéralisation : la plaque dentaire calcifiée constitue le tartre.

La prolifération de bactéries entraîne la destruction progressive des racines dentaires, et une inflammation de la gencive. Des poches se créent (la gencive se détachant des dents) et  constituent d’excellents milieux de culture, où d’autres bactéries se multiplient et sécrètent des toxines nauséabondes L’os des alvéoles dentaires est alors atteint,  entraînant à terme la chute de la dent. Ces bactéries peuvent aussi se disséminer par voie sanguine, entraînant des infections à distance (foie, cœur, rein…)

dents chat

2 – Résorption du collet, gingivite, stomatite caudale

Il existe chez le chat, une pathologie nommée «  résorption odontoclastique féline ou résorption dentaire féline ». Il y a une destruction du tissus dentaire conduisant à la formation de véritables cavités creusées dans au niveau du collet de la dent. Les lésions de résorption sont très douloureuses et causent souvent la fracture de la dent à la gencive. Une alimentation difficile, la salivation et la perte de dents représentent certains signes des « caries félines », mais parfois aucun symptôme n’est observé.

Il peut également y avoir  une inflammation tout à fait disproportionnée le long des gencives (gingivite), et surtout au fond de la bouche, de chaque côté des piliers de la langue (stomatite caudale ) : ces lésions sont généralement très enflammées : rouges, proliférantes, elles saignent au moindre contact.

Une particularité du chat est que ces lésions de la bouche se révèlent extrèmement douloureuses : les chats atteints hésitent à saisir leur nourriture, montrent des signes d’anxiété ou d’irritation devant leur assiette (battements de queue, miaulements…), changent leur manière de manger (sur un seul côté de la bouche, par exemple), et lorsqu’ils se décident enfin à manger, c’est en poussant de véritables cris de douleur, avant de s’enfuir loin de leur assiette. Dans les cas les plus graves, le chat peut manger moins, voire cesser de s’alimenter, ce qui entraîne un amaigrissement, et peut aller jusqu’à mettre sa vie en danger.

Plusieurs causes, isolées ou associées, peuvent conduire à l’apparition de telles lésions inflammatoires :

– une infection bactérienne associée à la plaque dentaire, ou virale (coryza chronique , leucose, FIV…)

– un mauvais fonctionnement de l’immunité locale (réponse immunitaire exacerbée)

– les lésions dentaires (résorption, fracture, inflammation et destruction de l’os de l’alvéole), entretiennent à leur tour l’inflammation, les racines dentaires jouant alors le rôle de véritables corps étrangers,

– une maladie générale, et notamment une insuffisance rénale chronique…

D’autres cas plus rares d’inflammation de la bouche peuvent être dûs à des tumeurs, ou à des réactions allergiques : un granulome éosinophilique

QUE FAIRE ?

1 – Le détartrage

Lorsque la bouche du chat est « seulement » entartrée ,le détartrage se déroulera dans les mêmes conditions que chez le chien : sous anesthésie générale, après un bilan sanguin et sous perfusion si le chat est âgé de plus de 8 ans. Le détartrage va permettre, à l’aide d’un appareil à ultrasons, de décoller le tartre qui agresse les dents et les gencives. De l’eau est projetée en  permanence à travers l’embout du détartreur, le but étant de refroidir l’ensemble, évitant ainsi des lésions de l’émail dentaire, de faciliter l’attaque du tartre par un processus de cavitation, et d’éliminer les débris de tartre décollés de la dent. Le détartrage est réalisé sur une table baignoire, ce qui permet à l’eau et aux débris de tartre d’être éliminés au fur et à mesure, sans souiller la tête du chat. Les différentes phases du détartrage (supra, puis sous-gingival), sont les mêmes que chez le chien.

 Il peut être nécessaire, à l’occasion du détartrage, de réaliser l’extraction de certaines dents, que la maladie parodontale a largement déchaussées. Contrairement à une idée reçue solidement ancrée, ce n’est évidemment pas le détartrage qui fait tomber les dents : il finit juste de faire partir les dents déchaussées qui ne tiennent plus que par le tartre ! Ces dents-là étaient de toute façon une source d’infection pour tout l’organisme, et de douleur pour le chat qui ne pouvait plus s’en servir.

Un polissage de l’émail dentaire permet de lisser la surface des dents et ainsi de limiter la réapparition du tartre .

Gencive

2 – Traitements médicaux et extractions dentaires

En cas d’inflammation très importante, notamment en présence d’une stomatite caudale ou des fortes gingivites décrites plus haut, un « simple » détartrage n’est plus suffisant.

Il est d’abord nécessaire de réaliser un bilan, le plus souvent sous anesthésie générale à cause de la douleur : description précise des lésions, recherche de virus (calicivirus notamment, à l’intérieur des lésions buccales, mais aussi FeLV et FIV sur prise de sang), …

Une fois ce bilan réalisé, on commencera généralement par un traitement médical : anti-inflammatoires, antibiotiques, voir immunomodulateurs… Ce traitement fait généralement disparaître l’inflammation et la douleur… mais malheureusement parfois il ne suffit pas.

Lee traitement pourra être répété deux à trois fois par an sans inconvénient. Cependant il peut arriver que  les lésions et les douleurs de bouche réapparaissent quelques semaines seulement après le traitement.

Dans ce cas, il peut être nécessaire de procéder à l’extraction de toutes les dents à proximité des lésions, voire à l’extraction complète des dents du chat (à l’exception des incisives et des canines) : les racines dentaires infectées jouent en effet un rôle de corps étranger au milieu de la gencive et de l’os alvéolaire, et les bactéries de la plaque dentaire entretiennent l’infection : l’inflammation de la bouche ne diminuera pas de façon durable tant que ces racines et plaque dentaire seront présentes. Comme précédemment, des traitements anti-inflammatoires contre la douleur, antibiotiques et/ou antiviraux (interféron félin), en injection locale ou par voie générale, accompagnent ces soins dentaires.

De tels traitements peuvent paraître lourds, mais ils constituent souvent le meilleur moyen de soulager le plus durablement possible le chat.

 PRÉVENTION ET HYGIÈNE DENTAIRE

La plaque dentaire commence à se redéposer huit heures à peine après le détartrage. Il sera donc nécessaire de mettre en place une hygiène dentaire, faute de quoi la bouche de votre chat sera dans le même état qu’avant le détartrage rapidement : brossage de dents, friandises à mâcher, croquettes spéciales, liquides à mettre dans l’eau de boisson ou poudre à base d’enzymes.. De nombreuses solutions existent afin d’éviter que le tartre ne se reforme trop rapidement

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